Doris Ramseyer : « Quand l’art a un sens, c’est extraordinaire »
Elle fait de la photographie sociale. Doris Ramseyer documente et témoigne, elle raconte en images l’être humain dans son cadre. Elle présente un travail bouleversant sur les sans-abris.
L’exposition de Doris Ramseyer démarre ce 2 octobre à la Brasserie Hoa et durera un mois. Intitulée Regards des sans-abris de Papeete, elle consiste en une série de portraits en noir et blanc. Elle est le fruit d’un travail de terrain qui ne devrait laisser personne indifférent. « Quand l’art a un sens, c’est extraordinaire », dit-elle. « C’est plus intense. »
L’artiste est photographe sociale, c’est-à-dire qu’elle pratique une photographie militante. Elle s’intéresse avec bienveillance à l’être humain « dans son cadre ». Avant d’être photographe, elle était infirmière. Elle est tournée vers l’autre. Pourquoi ? « Parce que j’aime les gens », répond-elle naturellement.
Sur le terrain de jour comme de nuit depuis le 1er novembre 2023, des mois durant, elle a observé, écouté et immortalisé des scènes de vie. Elle a rencontré une centaine de femmes, d’hommes, d’adolescents. Elle a sélectionné 42 clichés.
« Ils m’ont tous beaucoup appris »
Grâce à son approche sans préjugé, et à l’association Te Torea, elle a pu tisser des liens de confiance. À présent elle veut partager, montrer au plus grand nombre « celles et ceux que l’on regarde sans voir ». Elle insiste : « dans la rue, tous ont une histoire, un parcours qui les a menés là où ils sont. Être sans-abris n’est pas un choix ». Elle tient à ce que le public s’interroge sur l’invisibilité des communautés exclues, « pourquoi ne les regarde-t-on pas ? ».
Doris Ramseyer dit, avec le recul, avoir été « profondément touchée ». Elle a pu constater un élan général de solidarité. « Beaucoup ont accepté de se faire photographier pour les autres ». Elle évoque un « attachement » et assure ne plus regarder les sans-abris comme avant. « C’est toute ma vie que je ne vois plus comme avant. Ils m’ont tous beaucoup appris. » Elle espère, à son niveau, faire bouger un peu les lignes.