Gyotaku, l’empreinte d’un instant



Marion et Vincent, deux amoureux de l’océan inspirés par l’art japonais du gyotaku, exposent actuellement des œuvres uniques à la galerie du Chevalet. Ils ont, sur du papier de murier, figé le souvenir de leurs sorties sous-marines.

Un procédé qui a évolué
Le gyotaku (魚拓) est un art japonais qui consiste à reproduire des empreintes de poissons sur différents supports. Réalisée à l’origine par les pêcheurs pour immortaliser leurs plus belles prises, cette empreinte pouvaient être assorties d’inscriptions mentionnant les mensurations, la date et le lieu, elle pouvait parfois être complétée de poèmes. Les premiers exemplaires recensés datent de l’ère Edo (1862). Le procédé a été repris par des naturalistes japonais et américains jusqu'au XXe siècle. Depuis, certains artistes ont sophistiqué la technique allant jusqu'à repeindre les détails des écailles ou de l'œil sur l'empreinte.
« On adore l’eau, on y chasse », raconte Marion, « et c’est comme ça que tout a commencé » complète Vincent. « Quand j’ai vu des tableaux de gyotaku pour la première fois, j’ai trouvé ça magnifique », se rappelle Marion. Un jour -c’était il y a deux ans- le couple a fait ses premiers essais avec de l’encre de seiche et du papier de murier.
L’idée de cet art japonais est de garder une trace des poissons pêchés, de rendre hommage à ses prises. « On est tout le temps dans la nature, on prend plaisir à y être. Dans l’eau, quand on va chasser, c’est pour nous nourrir, mais aussi pour profiter de l’océan », décrivent-ils d’une même voix. Leurs immersions sont des temps de pause méditatif qui se prolongent par la création d’œuvres.
Quelque chose d’incroyable
À la maison, ils préparent le poisson, le sèchent grossièrement, relèvent les écailles et nageoires au besoin, enduisent la prise d’encre de seiche à l’aide d’un pinceau puis apposent du papier qu’ils caressent pour réaliser l’empreinte. « Plus tu en fais et plus tu peaufines le geste. » La seule retouche que le couple s’autorise, c’est la reprise des yeux. « C’est vraiment quelque chose d’incroyable. »
Au début, « on offrait les tableaux à des proches ». Ceux-ci ont apprécié et encouragé la démarche. Un jour, la galerie au Chevalet s’est intéressée à leur travail. Trois ou quatre de leurs œuvres sont présentées à l’occasion d’une exposition collective sur le thème des poissons. « C’est comme si on était sur une vague, on se laisse porter. »
Marion et Vincent prennent « beaucoup beaucoup » de plaisir à la réalisation de ces œuvres originales. Ils surfent tout en explorant de nouvelles pistes. Ils aimeraient par exemple tester de nouveaux supports et de nouveaux pigments issus de plantes locales, ou encore réaliser les empreintes de coquillages et de végétaux.






